Le processus de délégitimation : médias, RP et leaders entre rumeurs et transparence




Xavier Huillard pointe la représentation très caricaturale que les médias donnent des patrons en France. A l’inverse, à l’intérieur de l’entreprise, les salariés s’identifient facilement au patron local, de manière positive, et reconnaissent en général sa légitimité.
Les Français sont très attachés à leur entreprise et à leur patron, surtout s’il apparaît proche, mais sont volontiers caricaturaux pour le patron et l’entreprise d’à côté.
Un patron doit élaborer et communiquer un projet qui a du sens et doit avoir une utilité sociale et être en résonance avec le vécu quotidien de l’entreprise. Il assure la cohérence entre les différentes activités et fonctions de l’entreprise. Enfin, il arbitre entre les grands équilibres.

Michèle Cotta se demande s’il ne faut pas voir dans la déligitimation la fin de la démocratie: le jugement de tous a pris la place de la compétence de l’expert.

Raymond Soubie note lui aussi que les relations aux médias ont changé : s’il y a toujours eu une pression des médias sur les politiques, les rapports étaient auparavant assez codifiés. Aujourd’hui, la parole des journalistes est moins importante car tout est mis sur le même plan. La personnalité des politiques ne peut pas résister aux torrents de rumeurs déversés par internet. Les politiques courent après les rumeurs, ce qui décrédibilise l’action politique. Les PR permettent de se protéger de cela. Mais le jeu ne tourne plus autour de l’action, alors que c’est ce qui intéresse les gens. Il y a donc une bonne et une mauvaise transparence : la bonne concerne par exemple les déclaration d’intérêts des personnes qui représentent l’autorité publique. La mauvaise est absolue, donc invivable, ne serait-ce que parce qu’une part d’ombre est nécessaire à l’action.

Simon Goldsworthy acquiesce : aucune organisation n’est complètement transparente. Mais on ne peut pas penser les hommes politiques uniquement comme les victimes de rumeurs, puisqu’ils en sont aussi les initiateurs. S’il y a une homogénéisation des programmes politiques, ce qui reste différent, ce sont les personnalités des leaders, leurs vies privées, etc. Dans le monde anglo-saxon, les leaders politiques mettent leurs familles sur le devant de la scène.
Xavier Huillard souligne que personne n’est légitime sur tous les sujets. La transparence a ses limites : être trop transparent rend prévisible donc manipulable.Il faut donc être transparent sur le passé et présent et prendre beaucoup de précautions sur le futur.

Michèle Cotta souligne qu’on est arrivé à la crise de la démocratie représentative : le mythe de la démocratie directe est ravageur pour la démocratie représentative.

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